L’Union européenne n’a pas été épargnée par la colère agricole qui a gagné de nombreux pays européens en ce début d’année 2024. La politique agricole commune (PAC) ou le Pacte vert sont notamment dénoncés par les agriculteurs européens, s’estimant insuffisamment accompagnés et asphyxiés par les normes européennes. La politique commerciale de l’UE est, elle aussi, dans le viseur du monde agricole, qui voit particulièrement d’un mauvais œil la multiplication des accords de libre-échange.
Ces accords commerciaux conclus entre l’Union et des pays ou régions du monde constituent un élément central de cette politique. C’est en grande partie grâce à ces accords que l’Union européenne est aujourd’hui le deuxième exportateur mondial de marchandises (14 %), derrière la Chine (18 %), mais devant les Etats-Unis (10 %).
Pour les partisans de ces accords de libre-échange, il est de bon ton de multiplier les partenaires économiques à travers le monde pour deux raisons : développer de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises européennes et proposer aux consommateurs européens de nouveaux produits, augmentant le choix et faisant ainsi baisser les prix.
Mais ces accords ont toutefois un certain nombre de détracteurs. Ces derniers craignent en particulier que de tels accords commerciaux mettent en concurrence certains secteurs industriels européens, et que ceux-ci finissent par ne plus pouvoir rivaliser face à des biens venus de l’autre bout du monde, produits selon des normes sociales et environnementales bien moins contraignantes.
Dans le contexte de la mobilisation des agriculteurs à travers l’Europe, les accords de libre-échange ont ainsi été particulièrement pointés du doigt. Ils dénoncent par exemple l’accord commercial entre l’Union européenne et l’alliance économique du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay), conclu en 2019 mais pas encore ratifié. Là encore, les normes environnementales et sociales européennes sont de loin plus exigeantes que celles qui touchent les agriculteurs sud-américains.
Manon Aubry, coprésidente du groupe GUE/NGL au Parlement européen, est une opposante farouche et de longue date de ces accords. “Les accords de libre-échange créent une concurrence déloyale pour nos agriculteurs”, déplore-t-elle. Pour l’eurodéputée, “le libre-échange est en train de tuer notre agriculture et notre santé”. L’insoumise plaide en faveur d’un “moratoire” sur les accords actuellement en cours de négociation ou de ratification, comme avec le Mercosur ou la Nouvelle-Zélande.
Le jeudi 29 février en session plénière à Strasbourg, deux nouveaux accords de libre-échange seront soumis au vote du Parlement européen : un avec le Chili, l’autre avec le Kenya.
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